melliflu nœud paréidolie lien fonctionnel valétudinaire bazooka irénisme design bicyclette amibien chaussée poly stellionat central sous-marin arme sport combustible six postéromanie jouet apotropaique chaleur photographie hyène frusquin tristesse coruscant philosophie importuner majeur photographier lantiponner crypter mirliflore phénoménal phantosmie job mitrailleur antilope condouloir chèvre biberonner engloutir triste contact centre ville article contesté bornoyer fourmilier ultracrepidarianisme chauffage excitation aptonyme poisson bof joie pétrichor ours amputer zinzolin rabat éclat immarcescible exposition rodomont nécrotique détorquer sentiment texte bouledogue continue rançon chauffeur chuchotement jouer terrifiant site ville fondamental jaspiner
?

© Copyright 2024 • Richard Cerutti • Tous Droits Réservés

© Richard Cerutti, « La boulangerie Derioz», 2021, pp. 6.
● texte complet gratuit disponible ici (.pdf)
● extrait

     Monsieur Bertelin façonnait de la tresse. Il semblait très concentré, voir stressé. La boulangerie allait ouvrir bientôt et Eugénie se disait que même s’il était assez lent, il avait le mérite d’être gentil et surtout discret, pas comme l’était Guillaume…
     — Guillaume Pelletier de Pelletier & Fils, à votre service ma petite dame ! cria une voix depuis la ruelle devant la boulangerie, accompagnée de trois coups de klaxon qui, pour sûr, allaient réveiller toutes les habitations alentours. La camionnette venait de s’arrêter, une roue sur le trottoir et les trois autres au hasard sur la route.

© Richard Cerutti, « Loé Gosturand», 2021
● extrait n°1

     — Loé, tu vas bien ?
J’ouvre les yeux péniblement et j’aperçois le visage d’Etian au-dessus de moi. Je suis allongé sur le sol, dans le salon.
     — Tu t’es évanoui quelques secondes, reprend-il, et nous t’avons couché. Panem veut appeler les secours, mais si tu penses que ça va alors on prend le temps qu’il faut.
     — Je reste convaincu que c’est plus grave qu’un simple malaise. Qui de nous trois est spécialiste de l’encéphale ? Non, attendez j’ai mieux : qui est à même de faire un autodiagnostique mieux que Loé ? Et bien c’est une foirade, parce que la machine détraquée est elle-même allongée sur sa carpette.
Comme à l’habitude Panem rumine et râle, assis sur le canapé jambes ouvertes et bras croisés, une mine inquiète si l’incident bouscule son planning de ce soir ; ou une mine lassée s’il attend vraiment qu’un jour j’aille mieux.
     — Non ça va aller. J’ai juste besoin d’un verre d’eau et de m’asseoir un instant.
Se relever est plus difficile que je ne l’imagine. Etian m’aide, mais je sens que mes jambes me portent à peine et nous tombons les 2 dans le canapé quand il est assez proche, comme si nous étions 2 grosses roches inanimées et que c’est la première fois que nous avons à faire à la gravité.
Etian éclate de rire et je finis par rigoler aussi. Panem tourne la tête vers nous ; la remet droite ; esquisse un sourire ; et après quelques secondes lance à grande voix :
     — Mesdames et messieurs, sous vos regards hagards : Loé Gosturand, Etian Hosn et Panem Thostel (ils nous présentent à tour de rôle avec ses bras, toujours assis). Ils ont été désignés par le haut, très haut et perché Conseil de sages-trucs et autres titres-à-brac : “Représentants extrastellaires, sauveurs du savoir un peu bleu, des connaissances toutes rouges et autres acquis très verts”. (Il marque une courte pause). Quelle plaisanterie sérieusement quand on voit la veille du grand départ, on se croirait sur l’arc-en-ciel de l’amateurisme : Le Pilier ne peut même pas porter la Machine, qui d’ailleurs déraille, et moi, le pauvre Réactif doit rester assis là passivement en attendant que ses deux compères arrêtent de faire des jobardises.
     —…Panem ! s’écrie Etian, en le prenant par le bras et le secouant vivement. Ne serais-tu pas le plus drôle de nous trois finalement ?
Je ne sais pas si c’est parce que demain nous nous séparons, mais la saveur qu’a cette soirée est particulière : elle a le goût du sel.

● extrait n°2

     [Bloqué]
     [Bloqué]
     [Bloqué]
     [Bloqué]
     Saturé peut-être ?
     [Bloqué]
     [Analyse maïeutique en cours…]
     Réponse négative. Élément sûr : dysfonction de certains liens causes/effets responsable de l’établissement du concept de raisonnement.
     [Bloqué]
     [Jonction déverrouillée]
     Fait établi: le cerveau raisonne et ses fonctions sont présentes, mais le niveau de priorité accordé à chacune des pensées pour l’établissement d’accès à la mémoire est défectueux. Paramètre inhérent à cela: impossibilité de tisser le schéma mémoire des derniers évènements.
     [Projection par X inconnues]
     [Bloqué]
     [Bloqué]
     [Projection par variables aléatoires]
     Comme sont présentes des difficultés pour évaluer la distance temporelle entre les derniers souvenirs stockés et l’instant T : recourir à de nouveaux services auprès d’instances externes.
     [Bloqué]
     [Bloqué]
     [Accès fonctions décisions-actions]
     — Je…comment est-ce possible ? J’entends ce que vous dites, mais est-ce une farce ? Une sorte de bizutage d’équipage ? Ce n’est pas logique… pas au moment du décollage à l’orée du voyage extrastellaire.
     — Non il n’y a pas eu de bizutage.
     Je transpire. Je ne le sens pas directement, je le déduis aux sensations de lourdeurs et moiteurs soudaines de ce qui semble être des bandages et des plâtres partout sur le corps. Je le sais maintenant. Une tension nerveuse désagréable, pernicieuse et furtive s’installe. Je le sais, mais je ne saisis pas son influence immédiate sur les facultés de raisonnements, ni même de l’impact que cela aura sur la santé mentale pour la suite. Je le sais. Je le sais. Je le sais. Je le sais. Je le…
     [Bloqué]
     [Réinitialisation]

© Richard Cerutti, « On a vaincu la mort », 2021
● à paraître
● extrait

     ○ Un temps.
Dans ce moment où les paradoxes s’accordent, je suis certain de rien et sûr de tout. Je n’ai pas le choix de venir là, ni envie d’aller ailleurs. Ce n’est pas ma place, et pourtant c’est ici que je me trouve meilleur.

© Richard Cerutti, « Matassin », 2021
● texte complet

     — Sir, vous demandez par quel prodige je nargue tant et n’ai pas encore goûté potences & sévices ?
     — Je ne suis pas sûr de comprendre la règle. C’est ce que je dois faire : vous posez la question ?
     — Sir, vous axez juste.
     — Euh… soit, je vous le demande.
     — Sir, qu’est-il proposé d’expliquer ?
     — Par tous les braves, vous me perdez Matassin. Cessez ces détours phrasés et amenez-moi le fait de votre sagesse ou c’est la pendaison assurée !
     — Sir, j’acquiesce à votre sens de la décision. Pour que l’exercice soit prolifique, votre intérêt pour les formulations doit surpasser la formulation de vos intérêts.
     — Messire, je crois avoir saisi ce qu’il attend.
     — Expliquez conseiller.
     — Vous devez juste lui poser des questions le concernant. Son parcours, ses expériences, ses talents, et toutes autres qualités exaltant sa personne.
     — Je n’aime pas le ton de votre « juste », sous-entendant ma niaiserie. Je comprends ce que vous dites, mais faites attention, conseiller, à tenir votre place. La fosse est aussi proche que votre tête dans ma poche.
     — Bien Messire. Toutes mes profondes excuses Messire.
     — Matassin. Matassin ! Regardez-moi quand votre seigneur vous parle diable-corne !
     — Sir, si vous ne prenez garde à vos mots, vos phrases trahiront vos faiblesses.
     — Votre impertinence vous offrira bientôt bourreau et tombeau. Mais on m’a si bien vendu la qualité de votre connaissance que celle-ci m’intrigue plus que vos outrageuses maladresses. Je vous octroie donc une risible chance de convaincre ma pensée que la vôtre vaut plus.
     — Sir, c’est à qui demande par passion, reçoit en plein cœur.
     — Expliquez-vous.
     — Sir, vous souhaitez apprendre à marcher ? Alors je vous enseigne les qualités des parquets et les particularités des tapis. Vous souhaitez connaître votre destination ? Je vous éduque sur l’ouverture des portes et vous instruis sur les forces des courants d’air.
     — Conseiller.
     — Oui Messire ?
     — Dites-moi quelle question poser.
     — Messire, oui bien sûr. Demandez-lui : « Comment diriger le pays ? »
     — Excellente question, maintenant disposez loin votre carcasse. Matassin : comment gouverner mon royaume mieux qu’il ne l’est déjà ?
     — Sir, vous questionnez juste et pourtant vous pointez faux.
     — Qu’insinuez-vous ?
     — La richesse me fut acquise quand j’ai essayé d’apercevoir mon reflet dans un cours d’eau : impossible pour les yeux, c’est l’acharnement dans l’exercice en soi qui a finalement comptabilisé des gains.
    « Sir, votre propension à vous croire parfait vous arrête à quelques pas de cette perfection, car ce qu’il manque d’inspiration à votre Sir, c’est tout d’en dedans. Vous n’aspirez qu’à gonfler votre dehors, donc vous fanez l’air, et puis donc, vous finissez vide. »
     « Alors ceci, Sir : ciblez la pauvreté. La pauvreté, à l’identique de la notoriété, je ne l’ai gagnée qu’à force de paresse : j’ai lutté contre les cadeaux et j’ai contré les offrandes. Mon avis n’est pas mon conseil. Ma vie est seule preuve de merveille. »
     — Vos paroles sont tièdes et votre intelligence est fade. Je n’y vois aucune richesse ni aucune preuve de sagesse. Vos tournures sont éloquentes et votre rythmique sonne bonne, mais vous n’êtes pas plus une pointure dans une quelconque science de l’esprit que je ne suis expert dans le domaine de la poterie.
     — Sir, détrompez-vous. J’ai exactement répondu à votre question.
     — Je n’en crois rien ! Quelles réponses y a-t-il dans tout ce charabia qui puisse m’être utile ? Que pourrait faire le gouvernement de votre intervention ? Je ne vois nulle amélioration dans vos propos pour que le pays gagne encore plus de pouvoirs, de territoires, ou bien quelques sortes d’avantages militaires ou politiques.
     « Expliquez-vous Matassin ! Sinon vous finirez sans lendemain, rongé par les rats dans un cachot sans serrure. »
     — Les trésors que vous convoitez auprès de Matassin n’ont de formes que celles que vous fantasmez, alors prenez soin des récompenses que vous cherchez : plus vous les voulez belles, plus laides seront vos réponses. 
     « Sir, à votre question, comment gouverner mon royaume mieux qu’il ne l’est déjà, il n’y qu’une réponse possible : apprendre à se gouverner soi-même. »
     « Sir, que vous soyez à même de dépasser le niveau de langage d’un enfant en bas âge ou que votre prose ose mettre à bas tous les poètes ici-bas, le résultat escompter sera identique : si Sir, vous ne précisez pas plus vos mots, il n’en adviendra que des maux pour vous et pour les peuples. »
     — Comment osez-vous me parler ainsi !
     — Sir, l’honnêteté qui incommode m’incombe d’encombrer vos oreilles : je suis le plus lettré des analphabètes et le moins borné des mégalomanes. Je vous dévoile donc un tout à prendre.
     « Si l’enjeu est d’interroger pour grandir l’aptitude à gouverner les autres : cherchez à traiter en vous-même les excès d’ego et les manques de compassions. »
     « Si le but est de réfléchir à grandir la discipline intérieure : cherchez à traiter en vous-même les trop-pleins d’ego et les déficits de compassions. »
     « Ci-devant fut, Sir, la réponse. Qu’elle soit pour une question de pour ou contre vous, ou qu’elle soit pour une question d’avec ou sans eux. »
     — Matassin, je comprends maintenant.
     — Sir, je n’en doute point.
     — Conseiller : n’offrez peut-être pas à ce sage hors-la-loi vivres et gîte. Gardes : laissez partir à moitié cette personnalité anonyme.
     « Il a éduqué le Roi comme aucun ne l’a fait. Il a droit à toutes gratitudes éternelles ainsi qu’une ignorance perpétuelle. »
     — Sir, je n’en veux pas. Je pars sans rien et je ne vous reverrai point.